TSUKURI,
KUZUSHI,
KAKE,
MÉ KÉZAKO ? !

3 principes fondamentaux dans les arts martiaux et particulièrement pour nous judo/jitsuka ! Sans ces 3 phases, il n’y a tout simplement pas d’action possible… Un peu de théorie sur ce que nous cherchons à produire à chaque fois que nous tentons une projection !

Une explication de concept qui nous est proposée par Daniel Fournier – Culture Judo.

Trois principes, trois phases mais pas forcément trois temps.
Dans l’ensemble des arts martiaux nous trouvons trois principes pour l’exécution d’une technique, mais à quoi cela correspond-il ?

Le TSUKURI, c’est la préparation physique et mentale, la phase préliminaire à l’exécution de toute technique. C’est la concentration, l’analyse de la situation pendant laquelle on règle sa garde (Kamae), sa distance (Maai) et dans laquelle on cherche à provoquer la réaction de Uke. L’objectif étant de réduire les possibilités de Uke afin d’anticiper au mieux ses réactions.
Le KUZUSHI, c’est le déséquilibre qu’il soit physique et/ou mental, détecter les faiblesses ou les ouvertures (Suki) et l’initiative ou le timing (Sen), c’est le moment où l’on profite de la réaction de Uke pour se placer correctement, affaiblir sa structure et le déséquilibrer, en un mot mettre Uke dans une position de faiblesse dans laquelle il pourra difficilement riposter.
Le KAKE, c’est l’exécution de la technique, une fois Uke en mauvaise posture pour riposter, on exécute la technique proprement dite.

En résumé, c’est la stratégie (TSUKURI), connaître l’art de la distance (ma) et la tactique appropriée pour piéger l’adversaire en l’amenant là où l’on a décidé de l’amener.
Nous y ajoutons le timing (Yoshi) pour prendre l’initiative (sen) afin de provoquer le déséquilibre de l’adversaire physiquement et mentalement (KUZUSHI).
Enfin vient l’exécution technique (KAKE). Chaque phase ce construit quasiment simultanément et chaque partie de cette construction, surtout le Kake, est vide de sens sans les deux autres.

Voyons cela...

Principe <strong>TSUKURI<strong/> en détail !

Comme l’indique la définition, le Tsukuri commence avant même la prise de contact. Nous dirons même quesans Tsukuri, aucune action ne doit être entreprise !
A moins d’une très forte différence de niveau avec votre adversaire, attaquer sans Tsukuri c’est se jeter directement dans la gueule du lion.
On commence d’abord par se mettre dans de bonnes dispositions, on se concentre, on observe, on se place et surtout on provoque une réaction chez Uke.
Pourquoi est-ce si important ? Pour deux raisons simples : le temps de réaction et les probabilités !


Temps de réaction
Le temps de réaction moyen d’un être humain, entre le moment où il perçoit le mouvement et le moment où il réagit effectivement est de l’ordre de la demi-seconde pour un stimulus pas trop compliqué. Figurez vous qu’il s’agit approximativement du temps nécessaire à envoyer son poing dans la figure de l’autre… Si vous ne savez ni quand ni comment votre adversaire va attaquer, vous vous exposez tout simplement à réagir trop tard. Aussi rapide que vous soyez.


Comment éviter cela ?
Tsukuri ! En provocant votre adversaire, en lui mettant la pression, en entrant dans sa zone de sécurité, vous
le forcez à réagir, à attaquer. Mais cette fois, c’est vous qui contrôlez l’instant !
Trois cas de figures :

Bien entendu, il s’agit ici du cas idéal ! En réalité ça ne se passe pas exactement comme ça…
La raison est simple : là, on a le « quand » mais on n’a pas le « comment »… Savoir quand l’adversaire va attaquer c’est bien, mais savoir aussi comment c’est mieux…

C’est là qu’entre en jeu les probabilités.

Dans sa définition, nous précisions que le Tsukuri servait à régler son Kamae et son Maai. A quoi cela peut-il bien servir ?
À réduire au minimum les possibilités de votre adversaire. A moins d’être un maître « Jedi », il est impossible de savoir exactement quelle attaque va porter votre adversaire, mais au minimum, on peut l’inciter fortement à attaquer certaines cibles privilégiées et protéger fortement le reste.
Soit il attaque la cible prévue et on y gagne un certain avantage puisqu’on s’y attendait, soit il attaque une autre cible qu’on aura pris soin de rendre le moins vulnérable possible et on limite les dégâts.
Bien entendu, plus vous lui aurez mis la pression, plus il sera poussé dans ses derniers retranchements et plus votre adversaire sera attiré par la cible facile.
La probabilité qu’il attaque là où vous le souhaitez n’est alors plus négligeable, à vous d’en tirer parti.
Attention toutefois à ne pas tomber dans l’excès de confiance, une attaque imprévue ou non conventionnelle peut toujours vous surprendre !
En d’autres termes, Tsukuri, c’est prendre l’initiative, faire réagir votre adversaire en gardant un temps d’avance sur lui.
Mais ensuite ?
Kuzushi

Principe <strong>KUZUSHI<strong/> en détail !

Avec le Tsukuri, on provoque une réaction chez Uke, mais si on en reste là, c’est simple, cela ne sert à rien… à moins d’exécuter le Kuzushi.
Puisque le Tsukuri nous donne un ordre d’idées sur quand et comment Uke va attaquer, il s’agit alors de profiter de cette anticipation pour se placer et le déstabiliser le plus pertinemment possible.
On n’effectuera pas la même esquive si on s’attend à une projection d’épaule, de hanche ou de jambes, cela va de soi…
Le Kuzushi prépare également du mieux possible à l’exécution finale de la technique. Si on compte effectuer une projection, le Kuzushi consistera à déséquilibrer son adversaire, briser sa structure. Le Kuzushi met donc Uke dans une position périlleuse dont il aura du mal à se sortir.

On se trouvera donc dans une situation favorable pour le Kake..

Principe <strong>KAKE<strong/> en détail !

Le Kake est l’exécution finale de la technique. Si le Tsukuri et le Kuzushi sont correctement effectués, le Kake ne pose aucun problème si ce n’est l’exécution correcte de la technique.

Le point important, en fait, est de ne pas perdre le bénéfice de chacun de ses principes en appliquant les autres.
Si après le Tsukuri on se place mal, notre Kuzushi sera de mauvaise qualité, voire impossible. Si après le Kuzushi on laisse un temps mort, ou si on perd le contact (lors d’une projection ou d’une clé), Uke reprendra une position stable et nous serons tout simplement revenu à notre point de départ.
Ce n’est donc pas un hasard si on utilise fréquemment l’expression complète Tsukuri-Kuzushi-Kake. L’un va rarement sans les deux autres !

3 Principes <strong>3 PHASES<strong/> ...mais pas nécessairement 3 temps !

Le Kake est l’exécution finale de la technique. Si le Tsukuri et le Kuzushi sont correctement effectués, le Kake ne pose aucun problème si ce n’est l’exécution correcte de la technique.

Le point important, en fait, est de ne pas perdre le bénéfice de chacun de ses principes en appliquant les autres.
Si après le Tsukuri on se place mal, notre Kuzushi sera de mauvaise qualité, voire impossible. Si après le Kuzushi on laisse un temps mort, ou si on perd le contact (lors d’une projection ou d’une clé), Uke reprendra une position stable et nous serons tout simplement revenu à notre point de départ.
Ce n’est donc pas un hasard si on utilise fréquemment l’expression complète Tsukuri-Kuzushi-Kake. L’un va rarement sans les deux autres !

En résumé :

L'interprétation dans le <strong>JUDO<strong/> Kodokan

Dans « Judo Kodokan » Kano shihan explique :

Après avoir brisé l’équilibre de votre adversaire [Kuzushi] pour le projeter [Kake] il faut adopter une posture adéquate [Tsukuri].
Donc dans le Judo cet ordre serait plutôt Kuzushi, Tsukuri et Kake.
L’une des principales différences est le sens de Tsukuri. Ici ce n’est plus la phase préliminaire, mais le placement après le Kuzushi.

Au Judo Kodokan, le déséquilibre du Kuzushi inclue toute la phase de préparation. L’une des principales différences est le sens de Tsukuri. Ici ce n’est plus la phase préliminaire, mais le placement après le Kuzushi. Au Judo Kodokan, le déséquilibre du Kuzushi inclue toute la phase de préparation.
Autrement dit, on créé un déséquilibre, on se place correctement et ensuite on projette. Ce point de vue est de toute évidence adapté à la pratique du Judo essentiellement tournée vers les projections.
Il n’est pas illogique de procéder ainsi car Tsukuri a surtout une notion de construction. A chacun de l’interpréter selon sa pratique.
Au Judo Kodokan, Tsukuri sera construire dans le sens de préparer la projection après le déséquilibre.

L’approche selon Maître Kawaishi :

Dans l’ouvrage de Kawaishi « Ma Méthode de Judo », on trouve à la page 9 Tsukuri = déséquilibre puis à la page 23 Kuzushi, les déséquilibres.
Une remarque intéressante cependant à la page 31 : Tsukuri signifie construire. C’est donc la façon de provoquer le déséquilibre, d’amener la projection. Kake veut dire exécuter accomplir, réaliser.
Les techniques ne sont décomposées que selon Tsukuri (déséquilibre) et Kake (projection). Il montre également les différents types de Kuzushis (déséquilibres) avec des dessins (avant, arrière, latéral droite et gauche).
Donc Kuzushi et Tsukuri sont tous deux traduits par déséquilibre. Mais il semble que le Kuzushi soit le déséquilibre du point de vue de Uke et le Tsukuri, le déséquilibre du point de vue de Tori, autrement dit d’une part, le type de déséquilibre auquel Uke est soumis et d’autre part, la préparation du mouvement pour Tori : parce qu’on ne va pas faire le même mouvement selon le type de déséquilibre.
Le placement du corps semble donc implicitement inclus dans le Tsukuri ou le Kake.
Nous pencherons plus pour le Kake, car une fois Uke déséquilibré, si on se place bien, il ne reste plus grand chose à faire pour exécuter la technique.

Texte : Daniel Fournier – vous pouvez consulter l’ensemble de ses travaux sur son site ici
Crédit photo d’introduction : Bizzari
– pixabay.com
Crédit photo : Kodokan